La chronique d'Albert

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Friday, November 07, 2008

Pour réaliser des prises de son de musique intelligemment il est nécessaire de revenir aux notions de base de la création de l’exécution et de la perception de cette musique.
Le créateur d’un message sonore a la prétention de le substituer pour un temps à l’environnement sonore habituel de ses éventuels auditeurs. Il importe alors que ce message offre un certain intérêt ( Si ta musique est moins belle que le silence ne la dit pas) et que cet intérêt soit perçu par les auditeurs.
C’est évidemment le problème du créateur mais aussi de celui de tous les intermédiaires entre lui et les auditeurs : interprètes, chefs d’orchestres, directeurs musicaux….et preneurs de son. Chacun d’eux doit avoir une conscience précise de tous les phénomènes qui font que les auditeurs écouteront avec la passion nécessaire une suite de sons à priori sans valeur sémantique.
Notre métier nous mettant en contact avec de nombreux personnages importants du monde de la musique nous en avons profité pour leur demander comment et pourquoi à leur avis la musique nous touche tellement même et surtout quand elle n’est pas ‘’à programme’’.
Jamais de réponse précise, toutes tournent autour de celles que l’on peut trouver dans la littérature : par exemple entre autres
Par la musique les passions jouissent d’elles même NIZTZCHE
Les motifs musicaux sont de véritables idées, d’un autre monde, d’un autre ordre, idées voilées de ténèbres inconnues imperméables à l’intelligence PROUST
La ou il y a de la musique il n’y a pas de place pour le mal CERVANTES
La musique n’exprime jamais le phénomène mais l’essence du phénomène intime le dedans du phénomène la volonté même SHOPPENHAUER
La musique est l’aliment de l’amour SHAKESPARE
Rien n’est plus absurde que les discussions sur la musique on la sent ou on ne la sent pas c’est tout STENDHAL
La musique est impuissante à exprimer quoi que ce soit STRAVINSKI
Le rythme et l’harmonie ont au plus haut point le pouvoir de pénétrer dans l’âme et de la toucher fortement apportant avec eux la grâce et la conférant PLATON
Ces avis quelques soient leurs qualités littéraires ou philosophiques traduisent bien l’embarras que l’on éprouve à l’approche de ces problèmes et en tous cas ne nous apportent pas d’enseignements directement utilisables
C’est peut être un mystère
Ce serait peut être bien que ça reste éternellement un mystère !
Que savons-nous exactement :
La musique est toujours constituée d’une suite de sons successifs ou simultanés dans un ordre selon des rythmes indiqués par le compositeur. Ce sont uniquement des divisions du temps. ( Le ‘’la 3’’ est produit par la division de la seconde en 440 parties que l’appareil acoustique perçoit comme tel)
On peut dire que certains sons font percevoir une division du temps (fréquence fondamentale) et éventuellement des multiples de cette fondamentale à des niveaux variables (fréquences harmoniques). D’autres font entendre plusieurs fondamentales et leurs suites harmoniques. D’autres enfin un ensemble de vibrations sans rapports simples entre elles parfois anarchiques parfois voulus et contrôlés par un compositeur.
L’auditeur reçoit ces multiples divisions du temps combinées à d’autres : les mesures, les phrases musicales , les thèmes. C’est un véritable échafaudage de rythmes très divers mais obligatoirement reliés entre eux par des relations plus ou moins complexes mais jamais aléatoires.
C’est cet ensemble qui transporte l’ossature du message musical, mais avant de l’apprécier l’auditeur doit au moins le décrypter, quantifier ces différents rythmes et leurs rapports ; ceci demande au cerveau d’effectuer en permanence et en temps réel une multitude d’opérations de difficultés croissantes avec la complexité de l’œuvre. De plus il doit comparer ces rythmes à une référence interne stable ou instable selon qu’il a ou non ‘’l’oreille absolue’’
Cette possibilité n’est pas innée elle demande un apprentissage
Un rythme à deux temps est rapidement assimilé (on arrive même à faire marcher au pas des soldats sur une marche militaire) et on est inconsciemment satisfait d’y arriver
Un rythme à quatre temps n’offre pas beaucoup de difficultés supplémentaires 2x2=4
Un rythme à trois temps demande déjà un effort plus important les apprentis valseurs comprendront
Par contre une solide éducation musicale est nécessaire pour ne pas être perdu à l’écoute de rythmes plus complexes.
De même le calcul du rapport de deux notes à l’octave est simple. A peine plus compliqués sont les rapports liant les notes de l’accord parfait.
Par contre des accords plus élaborés demandent, pour être bien perçus un certain entraînement. Une modulation qui est musicalement le passage d’un ton à un autre est souvent préparée par une suite d’accords qui sont des opérations transitoires facilitant les calculs nécessaires dans la nouvelle tonalité.
On sait que les rapports entre la musique et les mathématiques ne sont jamais aussi simples que le début de notre exposé pourrait le laisser croire. Les calculs ne tombent jamais justes, voir les différentes gammes les diverses valeurs du comma etc. Les interprètes ajoutent à ces imprécisions en prenant des libertés constantes avec le texte, le grand art étant de savoir jusqu’on peut aller trop loin c’est à dire à quel moment ces libertés sont perçues comme des fautes qui troublent la suite logique des calculs successifs. et qui cassent momentanément le plaisir de l’écoute
Si ces micros-libertés restent dans des limites raisonnables l’auditeur loin d’en être troublé en tirera au contraire un plaisir proportionnel aux efforts fructueux qui lui sont nécessaires pour en apprécier les finesses
On en a une preuve si l’on considère le peu d’intérêt suscité par les oeuvres et les chefs d’œuvre joués par un ordinateur avec un respect impératif du texte,(si si ça existe) seuls quelques informaticiens qui ont un micro-processeur à la place du cœur leur trouvent quelques valeurs
On peut comparer l’architecture d’une œuvre musicale à celle d’un monument par exemple une cathédrale, Les masses composant l’ensemble, le transept, les tours, les gargouilles, la flèche etc… sont des volumes bien différents mais ayant entre eux des rapports bien précis qui font que ce monument est une œuvre d’art et non un ensemble disparate. On peut prendre son temps pour le contempler même si l’on est dérangé par des évènements extérieurs, Mais pas pour la musique , elle s’inscrit irrémédiablement dans le temps ; si la perception est gênée par quelque élément que ce soit elle ne revient pas facilement et perturbera une partie de la suite
On voit maintenant comment ce trop long préambule nous amène aux méthodes de prise de son
La prise de son doit fournir aux auditeurs le moyen de percevoir toutes les sources sonores en respectant leurs rapports de volume, de niveau, de présence et de timbre

Etc….Etc…..

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